Blog

«Conseiller des clients est un défi sans cesse renouvelé»

7 Juin 2021 | Communication, Relation Publiques

Propos recueillis Par Flavia Giovannelli pour le journal “Entreprise Romande” du 4 juin 2021.
Photo par Fred Merz, Lundi13. 

Après avoir fait ses gammes dans des agences de communication connues à Genève, Elisabeth Tripod-Fatio a poursuivi sa carrière avec un passage à la promotion économique du canton, puis à la direction générale du développement économique, de la recherche et de l’innovation de l’Etat de Genève. Enfin, elle a fondé sa propre entreprise, de facto, il y a trois ans. Un rêve entretenu de longue date, dont elle se réjouit tous les jours, ayant trouvé une forme de liberté qui lui correspond.

Avez-vous hésité lorsque vous avez quitté l’Etat en 2017, alors que votre département avait le vent en poupe?

Non, même si certains ont pensé que je ne faisais pas forcément le bon choix. Je me suis investie dans des projets passionnants jusqu’au bout. Le jour où j’ai éteint mon ordinateur, je n’avais pas prospecté de nouveaux clients pour mon entreprise. Je suis vraiment partie de zéro, si ce n’est mon expérience plutôt solide et les liens que j’avais tissés depuis des années avec des personnalités qui se trouvaient elles-mêmes en place à des postes importants. Il était ainsi plus facile d’envisager de leur parler, puisqu’elles connaissaient mon travail. Mais je pourrais aussi vous répondre que, quand on est entrepreneur, on a peur tous les jours ou presque!

Vous vous êtes lancée dans le conseil et les relations publiques, un domaine déjà bien représenté sur la place genevoise.

L’important n’est pas la concurrence: chacun a son créneau. Je ne m’en préoccupe pas, il y a de la place pour tout le monde. Pour ma part, je mise sur les relations humaines, sur la connaissance du client, sur la compréhension de ses enjeux. La confiance doit s’instaurer, elle est indispensable et se gagne avec le temps. De plus, mes expériences m’ont donné une légitimité dans la commu- nication institutionnelle. Je suis capable de proposer une stratégie complète ou d’agir sur des demandes précises, tout en suivant des protocoles. Il faut un vrai savoir-faire. L’éthique, aussi, est très importante. En d’autres termes, cette profession ne s’improvise pas, même si elle n’est pas protégée.

Votre agence a-t-elle des domaines d’expertise particuliers ?
L’agence travaille sur une variété de sujets et avec des clients très divers, ce qui rend le quotidien particulièrement enrichissant. J’ai des mandats avec des associations professionnelles genevoises, avec des institutions de l’Etat ou avec des organisations non gouvernementales et des multinationales, et j’offre un service de rédaction professionnel tant en français qu’en anglais. Je propose de la réflexion stratégique, de la communication interne et externe «classique», du digital PR et des relations presse. Je pense avoir été l’une des premières, à Genève, à me spécialiser dans la communication de crise. J’ai développé un module à intégrer chez mes clients, qui se concentre sur la détection et la préparation en amont d’une crise, pour être prêt à communiquer si elle survient.

La survenue de la pandémie a-t- elle été une occasion de mettre ces notions en pratique ?
Je l’espère. En tout cas, j’imagine que chacun a saisi l’opportunité de mener une réflexion stratégique sur ses capacités à gérer les risques. Pour ma part, du jour au lendemain, j’ai perdu la moitié de mes clients, ceux qui voulaient tout arrêter, mais j’en ai gagné d’autres dans la foulée. Depuis, je n’ai jamais autant travaillé que l’an dernier. Je reste même persuadée qu’il faut toujours avoir un coup d’avance et je prépare la sortie de crise depuis le début de la pandémie. A mon avis, mieux vaut ne pas rester sur une position frileuse. Je pense que ceux qui ont su réagir et prendre des mesures seront plus forts pour affronter la suite.

Vous avez une cliente, l’Union Maraîchère de Genève, qui joue gros à l’occasion des prochaines votations. Comment se passe un accompagnement dans un tel cas ?

J’ai de la chance que cette cliente ait une ligne qui repose sur un positionnement clair et honnête. Avec les maraîchers, nous vérifions beaucoup les faits pour démêler le vrai du faux, car beaucoup d’idées fausses circulent. Il ne faut pas hésiter à répéter certaines vérités pour éviter un double «oui» fondé sur de mauvaises raisons.

Nous cherchons avant tout à transmettre le message qu’il est possible de manger sain et local grâce à des filières respectueuses de l’environnement. Un message qui a été très bien compris pendant la pandémie, alors que nous étions obligés de nous recentrer sur l’essentiel. En plus de réduire notre bilan carbone, cela génère des emplois pour la main-d’œuvre locale dans des conditions éthiques.

Comment vous voyez-vous évoluer ?

J’espère continuer de faire ce qui me plaît. En trois ans, de facto a une équipe qui compte désormais quatre collaborateurs (moi comprise). Je n’ai pas l’ambition de grandir davantage, avec le stress que cela engendre. Toutefois, j’ai des projets de vie complémentaires ou des causes qui me tiennent à cœur. Par exemple, celle de la place des femmes dans la vie professionnelle et la possibilité, pour elles, de mener une carrière égale à celle des hommes.